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MA MAISON SUR LA CÔTE D'AZUR

2 avril 2020

BENVENUTI !

BENVENUTI !
Oui, vous êtes toujours les bienvenus dans Ma maison sur la Côte d'Azur (le blog), d'autant plus que dans ce nouvel accueil à peine différent de l'ancien, j'ai le plasir de vous présenter mon dernier ouvrage dont le titre est, justement, Le mie case in...
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28 mars 2024

8 MARS X 2

 

 

Une fois de plus, ce mois de mars est pour "Ma maison" le 8 mars... à double titre. Deux beaux moments proposés ce jour-là par les télévisions publiques de mes deux pays m'en donnent en effet l'occasion : le premier, c'est le 12-13 de France Info où la journaliste Émilie Tran Nguyen a reçu Macha Méril avec les « championnes 2024 » ; le second, c'est le direct de Rai 1 où le Président de la République italienne Sergio Mattarella a rendu hommage, sur le thème « Femmes et Art », à l'autre moitié du ciel. Mais oui, comment ne pas préférer l'évocation de cette énième - et, hélas, trop unique - « journée des droits des femmes » aux tristes nouvelles nous venant, ce mois-ci, de certains endroits de la planète décidément trop "masculins" ?

 

 

 

27 février 2024

FLOR Y VINO

 

 

Petite folie – semel in anno licet insanire – j'ai acheté dans un supermarché à deux pas de chez moi une demi-bouteille de vin venant de 10.000 kilomètres plus loin.

D'un pays aussi lointain que peuplé de beaucoup de personnes aux origines européennes.

D'une terre qui se trouve à l'autre bout du monde et où les saisons sont différentes des nôtres, mais dont les habitants sont si semblables à ceux de l'Hexagone et du Beau Pays.

Oui, je parle de l'Argentine. D'une nation au beau drapeau blanc et céleste orné d'un soleil flamboyant, mais qui a été noircie il n'y a pas si longtemps (de 1976 à 1983) par une dictature militaire au bilan pour le moins horrible : des milliers de prisonniers politiques, de fusillés et même de desaparecidos (disparus) jetés dans l'Océan Atlantique.

Sommes-nous trop âgés pour nous en souvenir, ou trop jeunes pour avoir envie d'en savoir plus ?

Dans tous les cas et quelle que soit notre sensibilité au sujet de cette page honteuse de notre (trop) récente histoire, il n'est peut-être pas inutile de lire ou relire les pages Wikipédia sur la susdite dictature militaire et ses « vols de la mort », ou sur l'excellent film Argentine, 1985 primé à la Mostra de Venise 2022 et aux Golden Globes 2023.

Quant à mon vin argentin qui - entre nous soit dit - n'est pas plus cher qu'un vin français ou italien, il n'est pas mauvais. Mais je préfère la fleur que l'on peut voir également sur ma photo : je l'offre idéalement aux Mères et Grand-mères de la Plaza de Mayo, dont la douleur et la détermination ne sont pas sans rappeler celles - ô combien actuelles - de la Mère Courage d'un certain Alexeï Navalny...

 

27 janvier 2024

LA PRIMA COSA BELLA

 

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La prima cosa bella / che ho avuto dalla vita / è il tuo sorriso giovane sei tu, chantent I Ricchi e Poveri ("Felicità", "Mamma Maria", "Sarà perché ti amo"...), célébrissime groupe transalpin tout aussi apprécié dans l'Hexagone pour ses tubes survitaminés.

Ma "première belle chose" à moi, au tout début de ce 2024 que l'on voudrait bien différent de son prédécesseur, a été le traditionnel concert du Nouvel An de La Fenice diffusé sur Arte. Tous les 1er janvier depuis désormais plusieurs années, la chaîne culturelle franco-allemande à vocation européenne offre en effet à ses téléspectateurs et à tous les internautes cet incontournable rendez-vous bien italien qui fait forcément la joie des mélomanes, mais aussi des "simples" amoureux de la grâce et de l'élégance aux quatre coins de la planète (sa vidéo est disponible sur le site de la chaîne jusqu'au 29 juin 2024).

En particulier et en tant qu'ancien estimateur de la RAI, je n'ai pu qu'être comblé par les sublimes tableaux chorégraphiques célébrant les soixante-dix ans de la télévision publique italienne sur les musiques - impeccablement dirigées par Fabio Luisi - de ses plus célèbres émissions :

 

LA_FENICE_2024__2

On danse sur les génériques des émissions RAI... et celui de l'Eurovision !

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Sans parler des magistrales performances du ténor Fabio Sartori et de la soprano Eleonora Buratto : de Madame Butterfly à La Traviata en passant par Tosca et Nabucco, leurs interprétations ont été un vrai régal.

 

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 Fabio Sartori et Eleonora Buratto

 

Mais oui, mis à part - évidemment - les bons vœux et les bisous aux parents et aux amis, la prima cosa bella de mon Jour de l'An a été une fois de plus... franco-italienne : merci Arte, merci La Fenice !

 

21 décembre 2023

POUR GIULIA, AVEC LA RAI

 

RAI___FERMIAMO_LA_VIOLENZA

 "Arrêtons la violence masculine contre les femmes"

 

Que sait-on en France du meurtre de Giulia Cecchettin, étudiante italienne de 22 ans qui, le 11 novembre, a été tuée à coups de couteau par son ex-fiancé ? Pas grand-chose, en vérité. S'il y a eu quelques articles dans la presse (1) et dans le site de France Info (2), les principales chaînes de télévision françaises n'ont pas couvert – mis à part une vidéo publiée sur le site de BFMTV - cet énième féminicide transalpin qui aurait pourtant dû susciter le même émoi dans l'Hexagone. N'y a-t-il pas en effet, dans la Douce France, une femme tuée tous les trois jours comme dans le Beau Pays ?

 

VOLTA_LE_SPALLE_ALLA_VIOLENZA

 "Tourne le dos à la violence"

 

Les télévisions italiennes ont, bien sûr, consacré des heures et des heures à ce terrible événement qui a profondément secoué le pays ; la RAI a surtout été parfaitement à la hauteur de sa mission de service public, notamment par ses nombreuses émissions proposées dès la disparition de Giulia et puis, hélas, par le direct de ses obsèques. Mais aussi par son "Blob" de RAI 3 qui le 25 novembre, à l'occasion de la Journée Internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes, a proposé un vertigineux et terrifiant montage de vingt ans de meurtres qui ont été annoncés par les journaux télévisés du service public italien (3) : plus de 100 féminicides en presque 13 minutes d'émission.

 

BLOB_25

 RAI 3, quelques images tirées de son Blob "La vie en rouge" du 25 novembre 2023

 

Et à propos, justement, du mot "féminicide": comment ne pas signaler qu'il semble aujourd'hui, en France, plus utilisé par les média que connu par Monsieur Tout-le-Monde ? « Féminicide ? », me demandait quelqu'un, avec une pointe de stupeur, dans le Pays des Droits de l'Homme (et de la Femme) alors que je lui faisais part de l'inacceptable destin de Giulia. « Qu'entendez-vous par là ? Un homicide, peut-être ? »

Oui, un homicide. Mais "féminicide" nous vient du latin femina, il s'agit donc de l'homicide d'une femme. D'une de ces femmes dont on nous dit quelquefois, en France comme en Italie, qu'il ne faut jamais les battre, même avec une fleur.

Un dernier mot à ce sujet : connaissez-vous la vidéo "Slap her" de Fanpage ? Elle est adorable et très actuelle. Regardons-la, les enfants peuvent nous apprendre des choses...

 

GIULIA_CECCHETTIN

 Giulia Cecchettin

____________________

(1) Le Monde : "Giulia Cecchettin, le féminicide qui dessille l’Italie" ; Paris Match, "Giulia Cecchettin : le féminicide qui secoue l’Italie et le patriarcat" ; Libération : "En Italie, le meurtre de la jeune Giulia Cecchettin provoque un sursaut féministe"

(2) France Info, "Italie : le féminicide de Giulia Cecchettin choque le pays et bouscule le patriarcat"

(3) "Blob" La vie en rouge du 25 novembre 2023, de Simona Buonaiuto et Elena Vecchia

 

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22 novembre 2023

LUMIÈRES

 

LUMI_RES

 

Qu'il me soit permis de m'exprimer en rimes - inspirées par un certain François-Marie Arouet - sur un sujet qu'il m'est difficile, aujourd'hui, d'aborder autrement.

 

EN VERS ET POUR TOUS

 

« Croyez-vous, dit Candide, que les hommes se soient toujours mutuellement massacrés comme ils font aujourd’hui ? » (*)

J'hésite un peu à proposer cette citation

pourtant adaptée à nos temps de conflits et de passions.

Suggère-t-elle un pacifisme trop facile ?

La question de Candide est-elle plutôt puérile ?

Tout compte fait, ce n'est pas si sûr :

pour éclairer des jours belliqueux et obscurs,

il faut toujours, en effet, préférer aux armes les Lumières ;

d'autant plus que cet extrait est de Voltaire !

Mieux vaut donc la paix, c'est sûr, mais reste un doute

qu'il faut exprimer coûte que coûte :

que faire - cela soit dit pour tous - si un agresseur

vous fait la guerre ou sème la terreur ?

M.A.

____________________

(*) Dans Candide ou l'Optimisme de Voltaire. À (re)lire de toute urgence, que vous soyez optimistes ou pas : on dirait qu'il a été écrit ce matin !

P.S. J'ai transmis ces vers à mon blog "frère" Nissitalie, qui en propose une version italienne...

 

 

28 octobre 2023

COQUILLES

 

COQUILLES

 

"Mea culpa", "Errata" : au lieu d'en perdre mon latin, je retrouve la langue dite morte de mes lointaines études pour signaler les petites erreurs (inadvertances ? inattentions ?) qui, malines et subreptices, se sont glissées dans mon texte Le mie case in Costa Azzurra... e altrove présenté en page d'accueil (1). Pourtant relu plus d'une fois avant publication, ce « racconto sincero e quasi vero » (« récit sincère et quasi vrai ») m'a joué ce vilain tour malgré l'affection toute particulière que je lui porte.

Mais je ne veux pas me déculpabiliser aux frais d'un objet inanimé... bien que très animé par mon vécu. Si, avant de le publier, j'ai relu ses pages deux ou trois fois sans déceler aucune erreur, je n'ai pas d'excuses : cela veut dire que j'aurais dû les relire une ou deux fois de plus.

C'est pourquoi je bats très laïquement mon "Mea culpa" et je rédige mon "Errata" (2).

Oui, je tombe encore une fois sur la langue des Romains en exhumant de ma mémoire cette fameuse feuille volante qui, en un temps où l'on tenait à rectifier ses erreurs, était glissée entre la couverture et la page de garde de nombreux livres frais d'imprimerie.

En vous priant de bien vouloir excuser les "coquilles" (après tout, pas trop graves ni nombreuses !) de Le mie case in Costa Azzurra... e altrove, voici donc leur liste : un "Errata" évidemment proposé dans la langue de Dante...

____________________

(1) "Mes maisons sur la Côte d'Azur... et ailleurs" en bon français, à retrouver également dans le billet "Trilogie d'Azur".

(2) Ou "Errata corrige" en Italie.

 

ERRATA CORRIGE

 

Pag. 64 rigo 31 : "Cinémathèque de Nice" invece di "Cinémathè-que de Nice"

Pag. 93 rigo 17 : "spiaggia pubblica" invece di "spiaggia privata"

Pag. 95 rigo 22 : "dell'ambiente" invece di "dall'ambiente"

Pag. 111 rigo 7 : "andavano spesso in" invece di "andavano in spesso in"

Pag. 118 rigo 4 : "avevo incassato" invece di "avevo appena incassato"

Pag. 114 rigo 6 : "in cui mi verrà versato" invece di "in cui verrà mi versato"

Pag. 137 rigo 20 : "porzione di Padania" invece di "porzione di di Padania"

Pag. 161 rigo 28 : "un campione, questo," invece di "un campione questo,"

 

Eh oui, une "coquille", ce n'est parfois qu'une simple virgule de plus ou de moins. Mais mieux vaut être tatillon, je vous dirai si j'en trouve d'autres !

 

24 septembre 2023

MON AVENIR RADIEUX... X 2

 

BILLET_MERCURY_MORETTI_04

 

Un film, m'avait-on expliqué lors d'un lointain stage d'éducation à l'image, devrait être vu trois fois : la première en simple spectateur, la deuxième pour saisir ce qui nous avait échappé, la troisième pour apprécier ses composants divers et variés : le sujet, le scénario, la mise en scène, les dialogues, le jeu des acteurs, le montage, les musiques et même - pourquoi pas - l'éventuelle portée sociale, sociétale, politique ou tout simplement humaniste. Le tout pour (nous) en donner un avis, sinon de cinéphile, du moins acceptable et, surtout, le moins superficiel possible.

Et bien, en ce qui concerne le dernier film de Nanni Moretti Vers un avenir radieux - Il sol dell'avvenire avant traduction -, j'en suis à ma deuxième fois. Après m'être précipité - de peur de rater l'inratable - à mon cher "Rialto", célèbre multisalle niçois proposant d'excellentes premières visions, j'ai doublé ma curiosité en me rendant début septembre au tout aussi célèbre "Jean-Paul Belmondo" (l'ex "Mercury" de Place Garibaldi) pour regoûter, toujours en version originale sous-titrée, à ce nouvel exploit de l'un de mes réalisateurs préférés, cet italianissime acteur-réalisateur-producteur dont le soixante-dixième anniversaire a fait l'objet de mon dernier billet.

Était-elle donc destinée, cette deuxième fois, à saisir ce qui m'avait échappé ? Un peu : car c'est vrai qu'il y a toujours, dans les films qui nous plaisent et/ou s'imposent dans l'histoire du cinéma, quelque chose qui mérite d'être bien compris. Mais j'avoue qu'en brûlant un peu les étapes, je voulais déjà, par cette nouvelle vision, m'essayer à évaluer les éléments susmentionnés (réalisation, scénario et cetera) de cet énième opus de Nanni Moretti.

C'est ce que j'ai fait, en effet. Mais je crois avoir déjà avoué ma modeste condition d'apprenti cinéphile, et il faudra donc pardonner la simplicité de mes appréciations... qui seront, en revanche, absolument positives. Voici donc pour les fameux "composants" :

- un sujet principal (qui est en réalité une question) aussi original qu'actuel : et si, en 1956, le Parti Communiste Italien avait choisi de soutenir la Hongrie envahie par l'URSS ? ;

- des sous-sujets pointus (la violence gratuite de certains films, ou les liens familiaux aussi forts qu'étouffants) ;

- un scénario bien écrit et presque pédagogique, ne faisant pourtant jamais la grosse tête ;

- une réalisation à la fois rigoureuse et réjouissante, extrêmement classique et étonnamment inventive ;

- des dialogues serrés, subtils, édifiants et parfois très émouvants ;

- des jeux d'acteurs justes et convaincants (avec, bien sûr, un épatant Moretti à l'élocution... très "morettienne") ;

- un montage dynamique faisant fi des logiques chronologiques et narratives, et pourtant absolument cohérent et compréhensible ;

- des musiques (en réalité des "tubes" chers à chaque Italien) aussi "insensées" qu'agréables et bien insérées dans le fil narratif ;

- quant à sa portée sociale, sociétale, politique ou humaniste, rien de plus simple : tout y est, Nanni n'a pas oublié d'être un auteur engagé !

Trop élogieuse, ma "critique" ? Peut-être, ou peut-être pas : regardons donc, par exemple, celles de Mediapart (« Au bonheur de Moretti »), des Échos (« L'insolence et l'ironie de Nanni Moretti »), de l'École des Lettres (« Vers un Avenir radieux, de Nanni Moretti : l'humour intact »), de La Libre Belgique (« Nanni Moretti de retour en grande forme »), de Benzine Mag (« Vers un avenir radieux, de Nanni Moretti : grazie mille !!! »).

Mais, à quand ma "troisième vision" de ce film ? Elle viendra sans faute, dans une autre salle obscure ou peut-être à la télévision : Rai Cinema n'a-t-elle pas coproduit (qu'elle en soit chaudement remerciée) ce dernier opus - sûrement un des meilleurs - de cet atypique pilier du cinéma italien ?

En tout cas, on l'aura compris : un ultérieur stade de "lecture critique" ne rendrait pas mon appréciation moins élogieuse !

 

MORETTI_IL_SOL_DELL_AVVENIRE

 

 

24 août 2023

SESSANTA-DIECI, NANNI !

 

NANNI_MORETTI_OGGI_17

 

Comment ai-je pu, depuis la création de ce blog, ne rien écrire sur Nanni Moretti ? Pourquoi n'ai-je pas consacré, en tant qu'apprenti cinéphile, un de mes précédents 138 billets à l'un de mes réalisateurs préférés ?

Devais-je attendre d'être inspiré par l'article de "Oggi" (*) nous rappelant les soixante-dix printemps de cet Ovni du cinéma pour, enfin, lui rendre hommage a modo mio ?

Il est vrai, comme on peut le lire sur le magazine transalpin, que cet artiste hors normes n'est commode pour personne (« non è comodo per nessuno »), qu'il a une susceptibilité à ne pas heurter (« una suscettibilità da non urtare ») et qu'avec lui, il y a des limites à respecter (« ci sono paletti da rispettare »).

Et il faut reconnaître que cet intellectuel ne donnant pas l'impression d'adorer le genre humain dans son ensemble ne suscite pas que de l'admiration et des louanges.

Au fond, cela se comprend : dans "intellectuel" il y a, justement, le mot "intellect" dont la définition est « faculté de percevoir les choses de façon distincte » ou, tout simplement, « faculté de comprendre » (Larousse dixit).

Et pourquoi donc un public cinématographique dont la majorité n'est que moyennement dotée de cette faculté ô combien bénéfique pour l'humanité entière, devrait-il, dans sa totalité, éperdument aimer les intellectuels et, à plus forte raison, ceux qui ne seraient pas « commodes » et auraient « une susceptibilité à ne pas heurter » ?

Même en calculant large pour les porteurs d'intellect, il est donc plutôt normal que les estimateurs de Nanni Moretti ne soient pas légion.

Mais, à ce propos, le hasard fait bien les choses. Je viens de dénicher dans une brocante un livre un peu "âgé" de Bernard Pivot ("Apostrophes" et "Bouillon de Culture", do you remember ?). Il y a, dans sa Remontrance à la ménagère de moins de cinquante ans battant en brèche la télévision ultraconsumériste et "grand public", une importante réflexion concernant une chaîne qui, elle, poursuit moins la part de marché que la qualité. C'est en effet à propos d'Arte, canal "intellectuel" évidemment moins suivi par ce "grand public" et donc moins rentable, que Pivot s'interroge : « Mais le talent, parfois le génie, ça vaut combien ? Mais ce que l'Art apporte à l'homme et au pays [...] pour ce plaisir naturel qui vient de l'Antiquité, et probablement d'avant, de tirer la sensibilité et la raison vers le beau, vers le haut, [...] peut-on en fixer le prix ? »

Et peut-on, par extension au Septième Art, méconnaître « le talent, parfois le génie » d'un cinéaste certainement moins suivi par le susdit "grand public" mais dont le rôle est, justement, de « tirer la sensibilité et la raison vers le beau, vers le haut » ?

Au nom de cet indispensable rôle de l'Art que Moretti incarne à merveille, mais aussi au nom de la gratitude que je dois à ce réalisateur-scénariste-acteur qui m'a bien accompagné dans mon cheminement vers une vie pas trop bête, je me permets donc de lui souhaiter un bon anniversaire en proposant trois moments bien "morettiens" de sa carrière.

Le premier moment est une réplique tirée du film Journal intime ("Caro diario") de 1993. Il s'agit de la fameuse tirade "psychosociologique" que Nanni Moretti, en descendant de son scooter à un feu rouge, adresse à un automobiliste inconnu dont la luxueuse décapotable s'est arrêtée à ses côtés : « Vous savez quoi ? Je pensais une chose très triste. Même dans une société bien plus décente que celle-ci, je ferai toujours partie d'une minorité de personnes [...] Car moi, j'aime les gens : ce que je n'aime pas, c'est la majorité des gens. Je pense que je serai toujours à mon aise et d'accord avec des minorités, et donc... » « Ok d'accord », le coupe l'automobiliste en démarrant en trombe au feu vert, « bon courage à vous ! »

 

MORETTI_CARO_DIARIO_SEMAFORO

 

Un deuxième moment à signaler, c'est la phrase « Io non sono imparziale » (« Je ne suis pas impartial ») que Moretti, dans son documentaire Santiago, Italia sur le coup d'état au Chili et ses conséquences, prononce en interviewant un ex-général et ex-dirigeant de la police secrète détenu pour de nombreux crimes commis pendant la dictature d'Augusto Pinochet. On peut en effet bien comprendre combien le réalisateur peut être sensible à tout ce qui concerne l'Amérique Latine de ces années-là : une époque aussi sombre que semblable à celle de l'Italie, où la situation politique et les conflits sociaux faisaient craindre les mêmes issues dictatoriales...

 

MORETTI_SANTIAGO_ITALIA_IO_NON_SONO_IMPARZIALE

 

La troisième citation est sans doute la plus connue. Tirée du film Palombella Rossa, il s'agit de la terrible réprimande : « Les parole sono importanti ! » (« Les mots sont importants ! ») qu'un Nanni Moretti-Michele Apicella en tenue de joueur de water-polo lance, hyperboliquement furieux, à une journaliste dont le langage regorge d'expressions toutes faites. La raison de cette réprimande ? Elle est vite fournie tout aussi rageusement aux spectateurs et, bien entendu, à la pauvre chroniqueuse... qui essuie même une paire de gifles : « Chi parla male, pensa male e vive male ! [...] Io non parlo così, non penso così ! » (« Qui parle mal, pense mal et vit mal ! [...] Moi, je ne parle pas ainsi, je ne pense pas ainsi ! »), martèle ce personnage amnésique et plutôt inquiétant. Voilà une séquence qu'on tournerait sans doute autrement aujourd'hui au nom du politiquement correct - sans toutefois rien enlever à la justesse du message...

 

MORETTI_PALOMBELLA_ROSSA_LE_PAROLE_SONO_IMPORTANTI

 

Quoi qu'il en soit et revenant au soixante-dixième anniversaire de notre intellectuel-water-poloïste-linguiste, ce "mal parler" ne concernerait-il pas, aussi, ce drôle de "soixante-dix" ? Même sans connaître son niveau de français, on peut facilement imaginer ce que Moretti peut penser d'un tel nombre décomposé : « Sessanta-dieci per dire settanta ? Che roba è mai questa, le parole sono importanti ! » (Soixante-dix pour dire septante ? Qu'est-ce que c'est que ça, les mots sont importants !), lancerait-il sans doute avec sa voix si particulière et aux syllabes bien appuyées.

Quant à ce nouvel âge à chiffre rond, l'italianissime Nanni n'était-il pas un « splendide quadragénaire », tel qu'il se désignait lui-même, en 1993, dans son film Journal intime ? Eh bien, après avoir beaucoup apprécié, en ce 2023, son réjouissant Vers un avenir radieux et sa belle performance d'acteur dans Le Colibri, remarquable dernier film de Francesca Archibugi, on peut solennellement l'attester : Nanni Moretti est aujourd'hui un excellent « septuagénaire » ! Ce qui devrait bien lui faire plaisir dans le fond et dans la forme, puisque ce mot le concernant depuis le 19 août et dont la définition est « qui est âgé de soixante-dix ans » n'est pas, lui, décomposé...

Mais oui, les mots sont importants : abbasso il "sessanta-dieci", viva il settanta, viva i settantenni !

____________________

(*) Nanni Moretti, uno splendido xxenne, dans "Oggi" du 17 août 2023

 

*  *  *

 

LE_MIE_CASE_IN_COSTA_AZZURRA

 

Souhaitez-vous lire en italien Le mie case in Costa Azzurra... e altrove ? C'est par ICI !

 

25 juillet 2023

SÉNISSOSSI

 

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Orthographié dans le style de mon blog "frère" Nissitalie, « c'est Nice aussi » pourrait effectivement être le titre de cette photo prise dans la capitale azuréenne.

Dans sa Vieille Ville, peut-être ? Ce serait bien possible, vu son "côté cour" avec vieilles maisons, persiennes en bois, un simple parasol au lieu d'un plus bourgeois store et... du linge étendu "à l'italienne".

Eh bien non, il ne s'agit nullement de la Vila Vielha, mais d'un quartier qui, loin d'être celui de la célèbre Promenade des Anglais ou d'autres zones niçoises tout aussi huppées, se trouve dans un secteur tout à fait "normal" de cette ville considérée comme un des endroits les plus prospères de la Côte d'Azur et du Monde Univers.

Mais oui, que l'on se le dise une fois pour toutes : même dans les villes les plus fortunées il y a aussi des portions de "normalité" avec les mêmes rues, magasins, maisons et... personnes que l'on peut parcourir, habiter, rencontrer dans n'importe quelle commune.

À ce propos et en tant que modeste faiseur d'un livre ("Le mie case in Costa Azzurra... e altrove") où il est question de maisons azuréennes absolument non luxueuses, je me permets de rappeler cette évidence : à Nice comme dans d'autres villes maralpines, il y a même... des habitations pour Madame et Monsieur Tout-le-Monde ! Des habitations avec leurs avantages, leurs inconvénients et parfois leurs "pépins".

Et c'est justement par quelques lignes tirées de l'avant-propos de cet ouvrage, que j'aimerais balayer tout soupçon d'opulence concernant mes "maisons" sur la Côte d'Azur... et ailleurs :

« Credo sia utile precisare subito una cosa: non sono un riccastro italiano espatriato per strani motivi in una parte del mondo considerata un paradiso d’inenarrabili lussi, e per giunta così stupido da sfoggiare una gran quantità di beni immobiliari.

Le diverse « case » in cui ho abitato, qui in Costa Azzurra e altrove, non sono poi da intendere come ville o, più in generale, come confortevoli unità abitative indipendenti. Si tratta di appartamenti(ni) - o talvolta semplici camere - che definisco « case » nel senso primario e familiare di alloggi o abitazioni.

Il titolo di questo libro è, insomma, tanto provocatorio quanto quello del mio primo romanzo Ma maison sur la Côte d’Azur, ironico riferimento ad una pubblicità che, in anni un po’ meno "difficili", appariva regolarmente e vistosamente sulla prima pagina di un importante quotidiano italiano.

« La tua casa in Costa Azzurra », era l’ammaliante slogan rivolto da un grosso gruppo immobiliare a una middle-class residente a pochi chilometri dalla Francia e desiderosa di uno status symbol esagonale. Italica tipologia, questa, cui non appartengo [...] »

Ce qui dans la langue de Molière, certainement plus accessible aux non-italophones, donne à peu près ceci :

« Je crois qu'il est utile de préciser avant tout une chose : je ne suis pas un richard italien expatrié pour d'étranges raisons dans une partie du monde considérée comme un paradis de luxes indicibles, et de surcroît assez stupide pour exhiber une grande quantité de biens immobiliers.

De plus, il ne faut pas croire que les différentes "maisons" que j'ai habitées, ici sur la Côte d'Azur et ailleurs, sont des villas ou, plus généralement, de confortables constructions indépendantes. Ce sont des appartements - souvent petits, et même parfois de simples chambres - que j'appelle "maisons" au sens primaire et familier de logements ou habitations.

Bref, le titre de ce livre est aussi provocateur que celui de mon premier roman Ma maison sur la Côte d'Azur, référence ironique à une publicité qui, dans des années un peu moins "difficiles", paraissait régulièrement et ostensiblement à la une d'un grand quotidien italien.

« Ta maison sur la Côte d'Azur », était l'envoûtant slogan adressé par un grand groupe immobilier à des classes moyennes résidant à quelques kilomètres de la France et avides d'un statut immobilier hexagonal. Une catégorie italique à laquelle je n'appartiens pas [...] »

Fin d'auto-citation... avec auto-notation : alors là, vraiment pas !

 

* * *

 

LE_MIE_CASE_IN_COSTA_AZZURRA

  

Et pour ceux qui souhaiteraient lire en entier et en italien Le mie case in Costa Azzurra... e altrove, rien de plus simple : c'est ICI !

 

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