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MA MAISON SUR LA CÔTE D'AZUR
28 juillet 2012

SDF, UNE PEUR EN CACHE UNE AUTRE

Les SDF font-ils peur ? Et ce sigle pourrait-il signifier autre chose que « Sans Domicile Fixe »  ?

Je tâcherai de répondre à ces questions à la fin de ce billet, après une anecdote "ritale" sur l'argument.

Un beau matin d'une année lointaine, je parcourais à pied, en Italien à peine débarqué en France pour raisons d'études et de travail, une jolie rue de Lyon très fréquentée.

D'un coup, l'étonnante vision d'une silhouette allongée de travers sur le trottoir : un homme d'une cinquantaine d'années, modestement habillé de noir et entouré de quelques sachets de supermarché, gisait en plein soleil les yeux fermés, sous les regards des passants pressés, indifférents ou agacés.

Du jamais vu.

S'agissait-il d'un SDF ou, comme on disait à l'époque, d'un clochard ? Faisait-il la manche, ou était-il une "simple" victime de l'alcool ? Car aujourd'hui encore on a tendance à tout confondre, et ce sigle - SDF - permet de mettre rapidement dans le même panier plusieurs situations de souffrance...

Non, je n'avais jamais vu pareille scène du côté de chez moi.

Ressortissant d'un pays moins aisé et "social" que l'Hexagone, j'étais resté pantois face à un telle indifférence urbaine !

N'ayant jamais fréquenté ces cours de secourisme qui semblent avoir la cote en France, je ne savais pas trop que faire devant cet homme plutôt mal en point qui aurait pu être mon père. Mon français parlé étant alors à ses débuts, j'espérais qu'un autochtone s'arrête et prenne la situation en main.

Ceci n'ayant pas l'air de se produire et ne pouvant dégainer un portable qui n'avait pas encore été inventé, j'avais alors demandé à l'épicier du coin d'appeler quelqu'un : un médecin, ou bien une ambulance...

Sans mot dire et me lançant un regard en coin, le commerçant avait soulevé le combiné et, quelques minutes plus tard, un policier s'était matérialisé qui, semblant juger inutiles mes tentatives d'explication, m'avait fait comprendre qu'il s'en occupait et que je pouvais disposer. Effectivement, une ambulance était arrivée aussitôt après.

Ma connaissance actuelle de la France, l'expression désabusée de l'agent et des ambulanciers ainsi qu'un grognement de l'homme en noir, m'autorisent à penser que celui-ci était bien ce qu'on appelle aujourd'hui un SDF, et que sa consommation d'alcool avait dépassé certaines limites.

Les passants avaient-ils eu peur d'être confrontés à son ébriété ? Cela n'est pas à exclure...

Hélas, ce genre de spectacle est aujourd'hui moins rare : le phénomène a, depuis, pris une certaine ampleur, et même si les SDF ne sont pas tous esclaves de l'alcool, il me semble que ce sentiment de peur à leur égard n'ait pas beaucoup mué.

Il y a, il est vrai, des êtres plus ou moins altruistes ou désœuvrés qui s'arrêtent parfois pour échanger quelques mots, debout, avec ces hommes, femmes ou enfants gisant le plus souvent au sol. Certains leur tendent même, au retour des courses, une boîte de conserve ou un jus de fruit.

Mais la plupart feint de les ignorer et, dans les discussions mêlant météo, santé, politique et société, je constate que le « problème » est souvent traité avec une certaine irritation doublée d'une gêne cachant, probablement, une deuxième peur.

Et si nous risquions-nous aussi, une telle déchéance ?

Voilà une question qui, bien que légitime, doit sa forte présence dans nos esprits aux médias : car ils sont innombrables les reportages et les articles de presse écrite qui ne cessent de nous faire pendre sous le nez cette éventualité par des interviews à ces pauvres gens déjà à la rue ou cherchant farouchement à y échapper. Des "histoires vraies" relatant les efforts de monsieur ou madame Untel pour « s'en sortir » et, le plus souvent, leur disponibilité à assumer totalement la responsabilité de leur état.

Et l'État avec majuscule, dans tout ça ?

Comment la France de l'égalité (sans parler de la fraternité) peut-elle tolérer cette offense à la dignité d'un Homme dont elle proclame les Droits depuis plus de deux siècles ?

Un tel étalage de détresse se ferait-il au nom d'une liberté (y compris celle de vivre et mourir dans des cartons) également inscrite dans sa devise ?

Cela est tout aussi possible qu'inadmissible.

Mais on ne saurait écarter une autre hypothèse : les SDF sont là pour nous faire peur, la deuxième qu'on vient d'évoquer.

En effet, c'est cette peur-là qui peut arranger plus d'un gouvernant. Quand on craint de devenir un SDF, on reste sage et on ne s'indigne pas, surtout par temps de crise ! C'est que nous avons notre petit boulot et peut-être même notre petite voiture, nos petites vacances, notre petit appartement avec son gros crédit...

Ne nous plaignons pas trop car la rue, ça fait trop peur !

 

SDF : Serviraient-ils à Distiller la Frousse ?

 

Si cela a été dans le passé, il serait temps d'en changer, au nom d'une certaine France - la meilleure - dont bonne partie de l'humanité partage les valeurs. En ce sens, Monsieur le nouveau Président et Mesdames et Messieurs les nouveaux Ministres, merci de me prouver que mon pays d'adoption sait mieux faire.

Pour en savoir plus :

 http://fr.wikipedia.org/wiki/Sans_domicile_fixe

 

 

SDF

 

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