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MA MAISON SUR LA CÔTE D'AZUR
18 novembre 2020

LE(S) SENTINELLE(S)

 

LES_SENTINELLES

 

"Les sentinelles", Le sentinelle en italien : la langue de Molière et celle de Dante sont vraiment cousines. J'ignore si le très beau livre de Teresa Maffeis et Aurélie Selvi a, ou aura, une version transalpine dont le titre serait sans doute calqué sur l'original français des éditions Max Milo.

Ce qui est sûr, c'est que ces « chroniques de la fraternité à Vintimille » révèlent deux pays qui peuvent être non seulement cousins, mais frères et même fraternels... non seulement entre eux. Il est en effet question d'une certaine France et d'une certaine Italie unies et solidaires à l'égard de personnes qui, fuyant leurs pays de guerre et de misère, ne demandent qu'une vie plus juste et plus humaine.

Comment aurais-je pu, en franco-italien du sud-est hexagonal ayant consacré plusieurs billets à ce sujet (*) et ne se rendant certainement pas à Vintimille « en quête de cigarettes à prix cassé » (cf. la quatrième de couverture des Sentinelles), ne pas lire, apprécier et signaler ce livre édifiant, concrètement engagé et on ne peut plus humaniste ?

Comment accepter la mort de Milet, Érythréenne de 17 ans percutée par un poids lourd sur l'autoroute, à quelques pas de la frontière française ? Une mort... au nom de quoi, au juste ?

La voici, tout aussi juste que simplissime, la réponse de cet ancien humanitaire français citée dans "Les sentinelles" : « Quelles que soient les raisons - les bombes, l'oppression, les situations familiales - de là où ils viennent, c'était "no chance" ».

Mais il y a aussi, à l'intention de ceux qui pourraient avoir peur de ces infortunés de la vie, le plaidoyer d'un prêtre de Vintimille : « Ces personnes ne sont pas des dangers, elles ont fui car elles sont en danger. Nous nous devons de bien les traiter, de prendre leur défense et non pas les pourchasser ».

Sans compter l'appel d'un autre ecclésiastique de la ville de frontière : « Que l'Europe arrête de se servir dans les richesses de l'Afrique, d'y provoquer des conflits qui font fuir les populations, et dise plutôt à ces pays, qu'avec leurs ressources, ils pourraient vivre mieux ».

Oui, l'Europe arrêtera sans doute un jour de « se servir » en Afrique, et de fermer trop souvent ses portes à ceux qui voudraient fuir - souvent non sans regret - ce continent sous influence. Elle arrêtera aussi, peut-être, de pourchasser ses propres ressortissants cherchant à apporter à ces malheureux juste un peu de fraternité.

En attendant, on peut déjà signaler la relaxe, par la cour d'appel de Lyon, d'un agriculteur et militant de la Vallée de la Roya plusieurs fois poursuivi pour « délit de solidarité ». Ce "passeur d'humanité" a choisi l'accueil en souvenir de son arrière-grand-mère italienne qui avait perdu son bébé en traversant clandestinement les Alpes : « Si j'avais laissé ces enfants au bord de la route » affirme-t-il, « ma mère m'aurait engueulé ».

Et on n'hésitera pas à saluer une autre relaxe, prononcée toujours à Lyon : celle d'un enseignant-chercheur niçois. Poursuivi pour avoir transporté trois Érythréennes - blessées et extrêmement affaiblies - venues d'Italie, cet universitaire avait été placé en garde à vue, puis mis en examen pour « aide à l’entrée, à la circulation et au séjour d’étrangers en situation irrégulière », un chef d’accusation puni de cinq ans de prison et 30.000 euros d’amende. Selon la défense, cette relaxe montre bien « le but humanitaire » de son assisté qui, lui, s'est dit fier de transmettre à sa fille des valeurs de fraternité « qui ne se négocient pas ».

Mais oui, encore une fois : comment ne pas être bouleversé par le récit des souffrances subies par ces migrants, par les réactions d'hostilité ou d'indifférence des insensibles ou, à l'opposé, par les manifestations d'empathie, de générosité et de solidarité - d'une part et d'autre de la frontière - de ces Claire, Maria, Jean, Piera, Martine, Philippe, Paolo, Victoria, Pasquale, Manuela, Félix, Anna, Michel, Francesca, Alessandra, Saro, Jean-Noël, Delia... et j'en oublie sûrement ? Comment ne pas saluer le dévouement de ces sentinelles ou sentinelle de l'humain, françaises ou italiennes, si passionnément et efficacement racontées par Teresa Maffeis et Aurélie Selvi ?

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(*) Lampedusa, Europe, monde (14.10.2013) - À leur place (18.07.2015) - Que reste-t-il ? (01.10.2015) - Défense de nourrir (02.09.2016) - Docteur(s) ès bonté (24.06.2016)

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VERT_BLANC_ROUGE_D_AZUR_COUV_1 

Petit rappel concernant Vert Blanc Rouge d'Azur : pour le lire, cliquez ICI !

 

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