SANS FRONTIÈRES

Est-il permis à un petit blogueur franco-italien (donc sans frontières) d'évoquer un grand événement qui a eu lieu le 10 février au siège parisien de Reporters sans frontières (*) ?

Sa protagoniste - mais je pourrais bien dire son héroïne - a été Marina Ovsiannikova, journaliste russe célèbre pour avoir dénoncé l'invasion de l'Ukraine en direct, au cours d'un journal télévisé de la télévision d'état russe. Reçue par Christophe Deloire (« il est possible de résister aux appareils de propagande [...], de s’opposer à la falsification de l’histoire », a dit entre autre le secrétaire de RSF), la courageuse journaliste a livré les détails de son exfiltration vers Paris. En effet, après son assignation à résidence à Moscou sous bracelet électronique, Marina, qui risquait dix ans d'emprisonnement, a été aidée par Reporters sans frontières à organiser son voyage vers des contrées sûrement plus libres et bienveillantes...

On pourrait, bien sûr, beaucoup écrire sur la chance de vivre dans un pays où il n'est pas obligatoire de penser, parler ou écrire comme le voudrait le pouvoir en place ; mais, tout en suggérant quelques liens (RSF, TF1 Info, Wikipédia) sur cet événement "franco-russe-ukrainien", je me permets de proposer un petit détour par l'Italie pour citer l'article 21 de la Constitution du Beau Pays : loi fondamentale dont l'acteur et réalisateur Roberto Benigni (pluri-oscarisé pour La vie est belle) a célébré le 75ème anniversaire, avec sa verve habituelle, au très médiatisé Festival de Sanremo.

«Tout individu a le droit de manifester librement sa pensée par la parole, par l'écrit et par tout autre moyen de diffusion. La presse ne peut être soumise à des autorisations ou à des censures », dispose cet article.

« C'est mon article préféré », a confié Benigni le 7 février, avec emphase et passion, au public du théâtre Ariston, aux téléspectateurs et... au président de la République Sergio Mattarella, présent pour la première fois au Festival de la Chanson italienne. « Il est si beau qu'il semble écrit par un enfant », a-t-il aussi tenu à souligner avant d'ajouter : « Cela peut sembler anodin mais, si cela a éte écrit, c'est que c'était nécessaire ».

Oui, c'était et c'est nécéssaire, au vu de ce qui se passe encore aujourd'hui dans le pays de Marina Ovsiannikova : intrépide sans frontières qui vient de publier en Allemagne le livre Zwischen Gut und Böse ("Entre le bien et le mal") où elle raconte comment elle a décidé de s'opposer à la propagande, et qui a osé brandir une pancarte "No War" pendant le journal télévisé le plus regardé de Russie...

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(*) dans le cadre d'une conférence de presse de l'ONG diffusée sur France Info.

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