ALLEGRIA ?

Allegria ! (plus ou moins : "De la joie !"), clamait Mike Bongiorno, pape des animateurs TV transalpins, dans ses émissions réunissant plusieurs millions d'auditeurs et de téléspectateurs dès ses débuts à la RAI.

Aurait-il encore, l'italo-américain Michael Nicholas Salvatore Bongiorno ‒ qui avait quand même risqué, pendant la guerre, d'être fusillé en tant que partigiano et fait sept mois de prison à Milan avant d'être déporté dans un camp de concentration allemand ‒, envie de nous exhorter à être joyeux, malgré tous ces nationalismes qui affligent aujourd'hui le monde... et une partie de l'Italie ?

Serait-il joyeux, l'inoubliable animateur du Rischiatutto, en voyant ces bateaux chargés de tant d'espoir tourner en rond en Méditerranée en quête d'accostage ? Que dirait-il en apprenant que son Italie ‒ qui a pourtant fait preuve, pendant des années, d'une incomparable humanité ‒ repousse maintenant ces migrants prêts à rischiare tutto pour une vie meilleure ?

Et que penserait-il de ces petits enfants en pleurs que son Amérique enferme dans une cage après les avoir séparés de leurs parents ?

Lèverait-il toujours, notre cher Mike, son bras en signe d'allégresse comme le fait sa statue au cœur de Sanremo, dans cette Città dei Fiori... figurant aussi dans le roman dont j'écris, molto faticosamente au vu d'une certaine actualité, les dernières pages ?

P.S. Et la France ‒ ou plutôt les deux France ‒ dans tout ça ? Tandis que l'une ferme ses frontières et donne des leçons, l'autre, la mienne ‒ celle des Droits de l'Homme... Eh oui, points de suspension.