LES BONS POLITICIENS
On ne saurait nier à personne le droit de changer d'avis, au cours de sa vie, sur n'importe quel sujet dans n'importe quel domaine. Un changement qu'il faut bien espérer pour Giorgia Meloni - nouvelle cheffe du gouvernement italien - en ce qui concerne le jugement qu'elle portait, dans ses plus jeunes années, sur un certain allié transalpin d'Adolf Hitler. « Moi je crois que Mussolini était un bon politicien », déclarait-elle dans un reportage de la télévision publique française, en ajoutant qu'« on ne trouve pas ça dans les politiciens qu'on a eus dans les dernières cinquante années ».
Vingt-six ans après avoir prononcé ces certitudes, elle ne saurait ignorer que la seconde guerre mondiale, menée par Adolf en parfaite entente avec Benito, ce « bon politicien » en fez et chemise noire, a été la plus meurtrière de l'histoire avec ses 60 millions de morts, majoritairement des civils.
Quant aux sénateurs de son parti Fratelli d'Italia - grand vainqueur aux dernières législatives transalpines - ignoraient-ils encore le 13 octobre, jour de l'élection de leur président et deuxième charge de l'État, qu'Ignazio Benito La Russa possède une superbe collection de bustes du Duce del Fascismo ?
Mais, pourrait-on nuancer, ce nouveau numero uno du Sénat péninsulaire est un personnage si haut en couleur - le showman Fiorello en a fait à la télé une renversante imitation - que sa charmante collection n'est peut-être qu'une "provoc" enfantine... qui n'en est pas moins inquiétante.
Efforçons-nous d'être confiants. Nous aurons peut-être un jour, de part et d'autre, un simple et clair : « Je me trompais, Messieurs-Dames. Excusez-moi ».
(Illustration : captures d'écran de l'émission Blob (Rai 3) citant un reportage du "Soir 3" de la télévision publique française (20 avril 1996) repris par Youtube sur la chaîne "INA Politique".)