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MA MAISON SUR LA CÔTE D'AZUR
28 octobre 2012

CAMPAGNE JAMAIS CONTRE TON PROF

Connaissez-vous Pino et Mariuccia ? Non ? Cela équivaut à avouer que vous n'avez pas (encore) lu Ma maison sur la Côte d'Azur : ce qui demande réparation et, de ma part, quelques mots pour présenter ces personnages avant d'établir une relation entre ceux-ci et... certaines campagnes d'affichage.

Pino et Mariuccia sont donc un couple de professeurs-journalistes-restaurateurs qui, comme on peut le lire dans la quatrième de couverture, n'ont pas fini de changer de métier. Tout aussi protagonistes que Nunzio (narrateur à la première personne), leur présence s'étale sur plusieurs chapitres pour s'imposer, vers la fin du livre, par une surprise douce-amère.

J'ajoute qu'il s'agit d'ex-professeurs dont le préfixe englobe, justement, tout ce qui les a obligés à changer de métier : dévalorisation du métier, irrespect des élèves et de leurs parents, poids écrasant de la société de consommation sur toute action éducative, manque de soutien d'une hiérarchie qui ne veut pas d'ennuis et, dans le cas de l'école privée, politique du chiffre ne cherchant souvent qu'à satisfaire le "client".

Mais, afin d'éviter tout malentendu, il faut préciser que Pino et Mariuccia n'étaient pas des profs nostalgiques de valeurs plutôt droitières ; ces "ex" ayant exercé en Italie (mais dans ce domaine, l'Hexagone ne me semble pas mieux servi) étaient, bien au contraire, ouverts, progressistes et volontaires. Pour d'aucuns, peut-être un peu trop.

 Je n'en dirai pas plus, à vous d'approfondir en lisant le livre...

Revenons aux campagnes d'affichage auxquelles je faisais allusion. Connaissez-vous celle dénommée "JAMAIS CONTRE TON PROF" en défense des enseignants de la République agressés, insultés, outragés, ou - comme il arrive parfois - poursuivis par une certaine hiérarchie parce qu'ils refusent de se faire agresser, insulter, outrager ? Non ? C'est normal : cette campagne n'a jamais été promue par qui que ce soit.

Vous avez peut-être vu, par contre, la campagne "PLUS JAMAIS SANS MON ARTISAN" qui, elle, existe bien. J'ignore si l'initiative a été prise au niveau national, mais à Nice on voit ses affiches partout, par exemple dans les abri-bus et dans la presse gratuite.

Celle que j'ai sous les yeux montre un malheureux cravaté qui, après avoir inutilement essayé de réparer tout seul sa voiture, regrette amèrement de ne pas avoir fait appel à un artisan. Elle est signée par la Chambre de Métiers et de l'Artisanat des Alpes Maritimes.

Je me suis dit qu'ils ont bien de la chance, les artisans, d'avoir un organisme prêt à dépenser sans compter pour défendre leur travail. Ils méritent bien sûr cela, j'en connais de très bien. Et même de moins bien, auxquels je n'ai toutefois jamais pensé à faire du mal parce qu'ils ont mal travaillé, parce qu'ils s'en vont dans un autre chantier le jour où ils devaient venir chez moi ou parce qu'ils préfèrent être payés au noir et sans facture. Alors qu'un prof, lui, peut s'attendre à être poignardé pour une exclusion de cours ou une convocation de parents d'élèves qui ne sauraient, d'ailleurs, être considérées comme des fautes professionnelles.

Si j'ose cette "comparaison" entre une telle campagne d'affichage bien réelle et l'autre, inexistante, c'est en effet à cause des énièmes, tristes nouvelles sur la condition des enseignants.

Car il y a, sur ce sujet, autant d'urgence que de fréquence. Rien que dans la journée de mercredi dernier, les médias nous assénaient trois "brèves" bien lourdes concernant :

1) le suicide d'une enseignante, mariée et mère d'un garçon de 14 ans, qui a laissé sur son ordinateur un écrit évoquant sa souffrance professionnelle ;

2) l'incursion de deux jeunes armés d'un couteau et d'un revolver dans un lycée de Marseille ;

3) l'agression d'une directrice d'école maternelle (!) par la mère d'une élève qui, pour un différend au sujet de la cantine, lui a arraché les cheveux après lui avoir serré le cou : un acte qui sera jugé comme « violence sur personne chargée d'une mission de service public ».

Oui mais... les insultes, les outrages et autres menaces que les profs subissent depuis trop longtemps au quotidien ? La langue blesse parfois plus que l'épée, dit-on au delà des Alpes. Que ces « personnes chargées d'une mission de service public » en soient également protégées... par leur hiérarchie avant tout !

Autre nouvelle ayant inspiré ce billet, la « peine exemplaire » prononcée contre un homme qui avait violemment frappé un policier : deux ans et demi de prison ferme pour ce sans-papiers dont la réaction aurait été provoquée par la peur d'être renvoyé dans son pays. Un syndicat de policiers juge la peine à hauteur de l'acte, un autre déclare qu'en s'attaquant aux policiers, on s'attaque à un symbole de l'État. Pas de commentaire mais une comparaison : les professeurs ne seraient-ils pas, eux aussi, des « symboles de l'État » qui - soit dit en passant - ne sont même pas équipés de revolver, matraque, menottes, talkie-walkie relié au bureau du proviseur et autres moyens de défense ?

Quant à la peine par rapport à l'acte, est-il inutile de remarquer qu'on ne sanctionne jamais aussi sévèrement les agressions aux professeurs ? Eux-même, d'ailleurs, ne le voudraient pas, et se contenteraient d'une plus grande fermeté de la part d'une hiérarchie qui - pour des raisons qui pourraient faire l'objet d'un autre billet - protège parfois l'élève plus que l'enseignant... surtout si ce dernier refuse de se faire humilier.

Pour revenir aux artisans et à leur campagne de sensibilisation, pas de réparations de qualité sans ces professionnels, disent au fond les affiches de la Chambre de Métiers et de l'Artisanat. Sans professeurs, pas de culture ni de promotion humaine, est le message de la campagne que j'ose proposer gratuitement à une France qui voit dans l'école le fondement des valeurs républicaines. Après l'« observatoire » sur la violence à l'école et le texte promis pour la refonder, aura-t-on bientôt la campagne de sensibilisation "JAMAIS CONTRE TON PROF" ?

Ci-dessous, la maquette d'une affiche (s'adressant aussi bien aux élèves qu'à la hiérarchie dont on parlait) dans laquelle les personnages dessinés pourraient figurer en personne, tous unis contre la vie dure des profs : un Président de la République "pédagogue" entouré d'un Ministre de l'Intérieur "vigilant" et d'un Ministre de l’Éducation Nationale n'hésitant pas à sanctionner quand il le faut. Après tout, le Ministre de l'Industrie a bien posé pour une affiche soutenant le "made in France"...

Je le dis et répète, ma proposition est gratuite. Pour un francophile désintéressé, c'est une manière de contribuer au débat sur l'école au pays des Droits de l'Homme : y compris, donc, les droits des enseignants...

JAMAIS CONTRE TON PROF AFFICHE

 

 

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